Portrait du Pr. Ogobara Doumbo : un exemple pour la jeunesse africaine

D’origine malienne, le Professeur Ogobara Doumbo est de loin l’un des chercheurs africains les plus prolifiques de sa génération. Son parcours scientifique est exemplaire et il compte parmi les scientifiques les plus respectés au niveau mondial grâce à son expertise pointue dans le domaine de la parasitologie tropicale.

Le Pr. Doumbo axe la grande part de ses recherches  sur la mise au point d’un vaccin contre le paludisme. Il est le directeur de la Malaria Research and Training Center (MRTC), un centre de formation et de recherche sur le paludisme créé en 1992 par le gouvernement malien, en collaboration avec d’importantes institutions internationales telles que l’Institut Internationale de la santé des USA (NIH), les Universités du Maryland, de  Tulane, de Rome, de Marseille, la Fondation Rockfeller, l’USAID ou encore l’OMS. Dès 2003, et en collaboration avec certaines institutions citées ci-dessus, son centre de recherche est l’un des rares à avoir entrepris des essais cliniques de vaccins antipaludéens sur l’homme.

La rigueur du Pr. Doumbo fait de lui un chercheur couvert d’une multitude de distinctions et dont l’aura rejailli directement sur son pays le Mali. En 2006, il est en effet l’un des rares scientifiques africains invité à la Maison Blanche par le Président Georges Bush pour le lancement de PMI (Initiative Présidentielle contre la Malaria). En Juillet 2007, le Pr. Doumbo s’est vu décerner le prestigieux prix Christophe Mérieux d’un montant de 400 000 euros, dont il fut le premier lauréat. Par la suite, il a été élu membre de l’académie française de médecine.

http://youtu.be/ZgD4iP-HelA

Il faut dire que toute ces reconnaissances ne relèvent pas du hasard, mais sont plutôt le fruit d’une carrière finement construite. En effet, Le Pr Doumbo a préparé un doctorat en médecine de l’Université de Bamako en 1979 et un second doctorat en médecine de l’Université d’Aix-Marseille en 1985, puis  un doctorat de l’Université Montpellier I, où il a dans la foulée préparé des maîtrises en immunologie, en biostatistique épidémiologique, un DEA et une thèse en parasitologie et enfin, un DEA en anthropologie médicale de l’université d’Aix-en-Provence.

Ce périple dans les universités françaises lui a permis, avec des amis et collègues, de faire assoir certaines idées qui visaient le développement de la pratique médicale dans les régions les plus reculées et les plus difficiles du Mali. Ainsi l’idée de fédérer les initiatives et de créer une ONG qui ferait du développement à long terme se concrétise en 1984, sous le nom de Santé Sud. Cette ONG avait pour objectif d’encadrer et d’encourager les jeunes médecins à s’installer dans les zones rurales en leur donnant les moyens et les stratégies de développer une autosuffisance matérielle et financière.
À ce jour, l’organisation possède une masse critique de médecins qui a obtenu des résultats qui, selon le Pr Doumbo, se doivent d’être publiés dans le but de documenter cette expérience qui peut être une réelle solution pour une meilleure médicalisation dans les pays en développement.

Cette volonté de retenir les médecins dans les zones rurales  s’est d’ailleurs reflétée dans les objectifs que s’est donné le MRTC dans le domaine de la recherche sur le plan national.  D’ailleurs la première mission de celui-ci était non seulement de développer une capacité de recherche en Afrique, mais surtout d’atteindre une masse critique d’Africains capables de participer à la stratégie de lutte contre le paludisme en restant dans leur pays, formant ainsi une pépinière de cervaux¹. Ainsi, le MRTC regroupe actuellement cinq générations de chercheurs, tous formés dans les meilleures universités du monde et revenus au Mali. Ce centre de recherche compte environ une cinquantaine de chercheurs dont la plus part sont de nationalité malienne. Et les douze groupes de recherches qui le constituent sont également dirigés par des chercheurs maliens. Ces scientifiques embrassent une multitude de domaines de spécialités telles que l’épidémiologie, la microbiologie ou l’entomologie et ont, depuis sa création, publié des centaines d’articles dans le top des meilleurs journaux médicaux au monde². Le Professeur Doumbo compte ainsi ses contributions dans les journaux tels que Lancet, Nature, Plos One ou encore le New England Journal of Medicin, avec au moins une vingtaine d’articles rien que pour l’année 2011.

Le Pr. Doumbo est un scientifique visionnaire dont le sens du leadership permet à son centre de recherche d’être toujours en avant-garde de développement des stratégies visant à lutter contre le paludisme. Sa grande particularité, contrairement à beaucoup des scientifiques africains, est d’avoir développé au sein du MRTC cette capacité à détecter les jeunes talents dans les universités maliennes et de leur permettre de poursuivre des études de Master et Ph. D dans les plus prestigieuses universités du monde (Université du Maryland, d’Oxford, de Marseille, de Tulane ou à London School of Hygiene & Tropical Medicine…) avec l’assurance d’un réel plan de carrière dès leur retour au Mali. Ce qui permet ainsi d’assurer une véritable relève et un renouvellement constant de la pensée scientifique au sein de son Institution; deux conditions essentielles qui permettent aujourd’hui de hisser le Mali au rang des plus grands pôles d’excellence en matière de recherche scientifique.

Publications Gabiomed

 

Référence

1. Charmasson A. Une interview du pr. O doumbo. Santé Sud – Espace press.

2. Anderson T. Beating the brain drain: West african research centre shows it can be done. Tropical Diseases Research to Foster Innovation & Knowledge Application; 2009. http://www.tropika.net/svc/interview/Anderson-20090603-Profile-Doumbo

 

 

2 Commentaires

• 
  mamadou diaga 16/06/2012 à 18:09

  Cet homme est incroyable.j’ai la chance de suivre les cours qu’il dispense à la FMPOS.J’espère un jour etre comme lui.!!!!!!!!!

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• 
  Camara 21/07/2012 à 00:01

  Je suis vraiment fier de vous Professeur.Moi je ne veux vous ressembler mais je veux vous dépas
  ser.
  Vos cours sont agréables intéressants

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